L’égo de l’entrepreneur

Les résultats post-incubation dans “hubs”, “incubateurs”, ou autres “entrepreneurs coachings”, étant de plus de 90% de mortalité après 3 ans, ne sont donc vraiment pas bons.

Ce n’est pas nouveau…

Qu’avons-nous appris de cela ?

Comment cela se fait ?

Avec tout ce que nous savons sur l’humain, l’économie, l’entrepreneuriat et la société à ce jour, l’accès planétaire à l’info, les business-canevas en tous genres, les coachings à toutes les sauces ?

Les “suivez votre passion”… pour tous…

Notre observation chez Extrapreneurs, sur 6 éditions :

Les projets “non propriétaire”’, càd ceux qui portent le projet de quelqu’un d’autre, sont les plus performants.

Les projets “propriétaires”, càd ceux qui portent leur propre projet, leur idée donc, sont les moins intéressants, les moins performants. Ils aboutissent rarement avec un modèle frais et nouveau.

Explications.

C’est mon humble avis et n’engage que moi bien sûr.

  1. Prend personnellement les critiques (constructives ou non) — et donc frustrations et blocages s’ensuivent. Repli sur soi. La projection sur son projet va de pair avec la projection de ses propres névroses — et donc d’incohérences par rapport à l’ère du temps. Les valeurs, aspirations collectives et maturité du public évoluent. Les névroses ont de moins en moins leur place dans l’économie. C’est énervant pour tous. Un leadership entrepreneurial plus éclairé, mature, est attendu.
  2. Suppositions: le porteur de projet, trop souvent s’arrête à la supposition que son projet fera l’unanimité sur le terrain. Il ne vérifie pas assez ses hypothèses. Manque de vision globale et des enjeux du moment.
  3. Ne pas parler du projet : de peur de se faire piquer son idée, ne parle pas assez de son projet à ses parties prenantes. Du coup, s’empêche de le faire évoluer. C ‘est un comble car l’idée de départ est déjà un condensé d’intelligence collective que l’individu se sera approprié.
  4. Difficulté de “pivoter”: pour adapter son business-modèle à l’ère du temps ou aux besoins des parties prenantes demande une agilité et ouverture. Le porteur de projet reste trop attaché à sa première idée, et donc rigide par rapport à un marché qui demande autre chose. Du coup, des “idées” puériles restent vivantes alors qu’elles auraient pu muter positivement.
  5. S’identifie au projet: “Je suis mon projet”. Du coup, il/elle se sent agressée dès que quelqu’un propose des alternatives ou met en question ses hypothèses. Et… ça énerve les interlocuteurs — cette dynamique n’est pas mobilisatrice pour tous.
  6. Stress d’insécurité: souvent, l’insécurité traverse l’énergie du projet et vient plomber l’ambiance et l’agilité, et se déverse sur l’entourage… qui le sent et finit par le fuir.

Il s’agit bien ici d’égo sous toutes ses formes. Nous avons observé exactement le contraire avec Extrapreneurs, où les participants se greffent sur un projet de leur choix, mais pas nécessairement en lien avec leur compétences ou intérêts de départ.

Résultat : une hyper-performance. Pourquoi ?

Explications: (en lien avec les enjeux ci-dessus et dans le même ordre)

  1. Ne rien prendre personnellement: les critiques, propositions, sont au service du progrès de l’équipe et du projet.
  2. Ne pas faire de suppositions — mais bien vérifier auprès de ses parties prenantes dans son écosystème.
  3. Parler du projet à un maximum de monde. Ce ne sont pas les idées qui manquent, mais les entrepreneurs pour les porter. Ne vous tracassez pas.
  4. Pivotez. Mieux, dansez le tango votre projet, jusqu’à ce que l’équipe et les parties prenantes s’y retrouvent tous, et que le business soit rentable.
  5. Dèsidentifiez-vous du projet. Non, vous n’êtes pas le projet. Vous êtes vous-même, à part entière, et évoluez à travers ce projet. Le tout est vivant, non pas figé.
  6. La seule sécurité que vous avez est votre propre ancrage, puissance et instinct. N’importe quel entrepreneur qui a réussi vous le confirmera.

Ces recettes sont amenées une à une dans le cours de nos programmes. Elles bousculent certes, mais ont prouvé leur efficacité. Sortir de l’égo est une bonne idée pour la vie de tous les jours — mais aussi donc pour entreprendre pour demain…

Conclusion:

Sortir de l’image d’épinal du “porteur de projet passionné”, mais allant vers une co-création dont le but ultime, régénérateur, dépasse les égos de chacun, où chaque personne amène le meilleur de lui-même au service d’un quête élevée, en collaborant de façon ouverte, lucide, mature.

Prof. Michel de Kemmeter

www.clubofbrussels.org

www.extrapreneurs.org

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Michel A. de Kemmeter - Kairos -Extrapreneurs CofB
Michel A. de Kemmeter - Kairos -Extrapreneurs CofB

Written by Michel A. de Kemmeter - Kairos -Extrapreneurs CofB

Expert in economic transition, keynote speaker, author, consultant and investor. Professor. Inventor of “Systemic Economy” and "Kairos Multisolutions" crypto.

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