La Belgique serait une story Yin-Yang ? (Because, I am a perfect bastard)

Une Story Yin-Yang, entre Atouts et Névroses

Une Story Yin-Yang, entre Atouts et Névroses.

Quand je me présente à l’étranger, et pour donner le ton, je dis: « I am a perfect bastard ». Cela fait son petit effet. Francophone de Gand, études Ir Civil et Ir Commercial à Leuven, ambiance batave-germanique, mais avec une culture latine. Je constate que nous sommes en tant que pays posés sur une frontière à plusieurs niveaux. Je risque les clichés multiples, mais soit, pardonnez-moi d’avance, allons-y. Faisons ce petit détour pour essayer de nous frayer un chemin vers une nouvelle alliance… J’avais déjà commis un article qui a eu son petit succès il y a 2 ans.

En tout cas, c’est ce que les autres pays nous demandent… “venez avec quelque-chose d’intéressant, car vous êtes aux premières loges de tout, chez vous en Belgique…”. Nous, belges, sommes comme des poissons rouges à qui on parle d’eau. Sortons du bocal quelques minutes…

La Belgique, ce petit pays au cœur de l’Europe, semble être une énigme, une terre où les opposés s’attirent et coexistent. Dans une époque où les tensions identitaires et politiques semblent prendre de plus en plus de place, l’idée de la Belgique comme une « story Yin-Yang » est plus pertinente que jamais. Cette image de l’équilibre des contraires, entre les Flamands et les Wallons, pourrait bien être la clé pour comprendre ce qui fait la richesse et la complexité de ce royaume. Alors, la Belgique peut-elle véritablement retrouver son “Union qui fait la force” en jouant sur les atouts de ses communautés tout en répondant à leurs névroses et défauts respectifs ? C’est là une question qui mérite d’être posée.

Les Flamands : la rigueur, l’efficacité, mais manquant de chaleur, et d’anticipation

Les Flamands sont souvent perçus comme pragmatiques, disciplinés et travailleurs. Leur sens de l’organisation et leur souci du détail sont des atouts indéniables, notamment dans les secteurs économiques et industriels. Ils ont bâti une région dynamique, avec une économie en croissance et une capacité d’adaptation impressionnante aux défis modernes. Ce sens de l’ordre et du respect des règles, dans un cadre institutionnel structuré, est comparable à l’énergie Yang : dynamique, motivée, pleine de force et de rigueur.

Mais derrière cette efficacité, se cache parfois une certaine froideur, une tendance à l’intellectualisation et à la rationalisation excessive. Les Flamands peuvent avoir tendance à ignorer l’importance des aspects émotionnels dans les relations humaines, privilégiant souvent l’aspect pratique aux échanges chaleureux. Leur insistance sur le respect des règles et l’absence de flexibilité peuvent, à la longue, créer des tensions avec les Wallons, souvent plus spontanés et enclins à la négociation informelle. La névrose flamande pourrait être décrite comme une forme d’isolement émotionnel, un excès de rationalité, une volonté de tout maîtriser, parfois au détriment de l’humain.

Du côté flamand, après 5 décennies de « revanche » industrielle de PME qui ont réussi à se mettre sur la carte du monde des super-puissances familiales, et qui aujourd’hui n’ont pas été capables de se réinventer dans une industrie qui prend l’eau de toute part, ni de céder leurs entreprises proprement aux générations suivantes ?

Les flamands seraient donc plus “Yang”: Travailleurs, entrepreneurs, concrétiseurs, mettant en œuvre, avec constance. Mais, surfant un peu trop sur l’égo de leur réussite des dernières décennies. Ils n’ont pas encore été confrontés à une chute économique, étant en plein emploi pour l’instant. Mais avec le coût de l’énergie et salaires indexés qui explosent… plusieurs business partent vers d’autres pays. J’y cherche d’ailleurs encore les philosophes pragmatiques… (dites-moi où ils sont — on ira les rencontrer).

Les Wallons : la créativité, la convivialité, mais une certaine lenteur, racines puissantes

À l’opposé, les Wallons incarnent une forme de Yin, plus encline à la douceur, à l’émotion et à la créativité. Légèrement en retrait du point de vue économique, la Wallonie se distingue par son ouverture d’esprit, sa convivialité et sa capacité à tisser des liens sociaux profonds. Les Wallons sont réputés pour leur sens de l’humour, leur chaleur humaine et leur capacité à fédérer les gens autour de projets communs. Le caractère plus flexible des Wallons et leur manière de cultiver la solidarité sont des atouts précieux, en particulier dans les contextes de crises ou de défis collectifs.

Cependant, cette approche plus émotionnelle et spontanée peut se transformer en névrose dans certaines situations. Parfois accusée de manque de rigueur et de lenteur dans la prise de décision, la Wallonie peut sembler moins structurée que la Flandre. Ses faiblesses, parfois perçues comme un laisser-aller ou un manque de vision stratégique, peuvent rendre plus difficile l’adaptation aux exigences du monde moderne, notamment dans un contexte économique compétitif. La Wallonie, malgré son potentiel créatif et solidaire, est parfois perçue comme dépendante de l’État, moins résiliente face aux défis.

Rêveurs latins, avec poésie, ont dans leur ADN les succès du 19° et 20°, mais perdu confiance… Tourné vers le passé, avec un peu de nostalgie, pas assez vers le futur.

La Wallonie — démographiquement plus jeune — a une belle nature, c’est en fait un jardin immense (le nombre de flamands à Durbuy a explosé), qui selon les prévisions des changements climatiques serait assez bien préservé — même si un jour on verra pousser des fruits tropicaux :-).

Nous avons ici également, les héritiers de ces aventuriers, industriels. Mais que font-ils d’autre que de se prélasser dans leurs maisons dans le sites et leurs yachts — et siroter des bulles les salons du Gaulois et du Merode ? Alors que le monde est entrain de muter de fond en comble ? Et d’autre part de générations de chômeurs systémiques ayant totalement perdu le sens de la rigueur. Peux mieux faire non ?

L’Union qui fait la force : Un équilibre entre les contraires

C’est dans cette dynamique de complémentarité que réside la possibilité de retrouver cette fameuse « Union qui fait la force » qui a toujours été l’un des grands slogans de la Belgique. Si chaque communauté possède ses atouts et ses faiblesses, il semble que l’avenir du pays passe par une reconnaissance mutuelle de ses forces respectives et un travail de fusion entre ces deux philosophies de vie opposées.

Les Flamands, forts de leur rationalité et de leur sens de l’ordre, doivent apprendre à cultiver une plus grande ouverture émotionnelle et à favoriser le dialogue avec leurs voisins wallons, souvent plus centrés sur l’humain. De leur côté, les Wallons pourraient s’inspirer de l’esprit de discipline et d’efficacité des Flamands pour renforcer leurs structures économiques et leur réactivité face aux défis contemporains. Un échange réciproque de compétences et de savoir-faire pourrait bien offrir un modèle de réussite pour le pays tout entier.

Mais ce chemin n’est pas sans obstacles. Les tensions linguistiques, politiques et économiques persistent, alimentées par des héritages systémiques historiques, des divergences culturelles et des inégalités régionales. Cependant, la clé du succès réside peut-être dans cette capacité à transformer les défauts et les névroses de chaque communauté en atouts. Dans l’ombre des rivalités, il y a une lumière qui pourrait permettre à la Belgique de surmonter ses crises internes.

Conclusion : La Belgique, une symphonie des opposés — catalysés par ses artistes et surréalistes

En somme, la Belgique est un parfait exemple d’une histoire Yin-Yang. La coexistence des Flamands et des Wallons n’est pas un hasard, mais un équilibre fragile entre des énergies opposées mais complémentaires. Si la Belgique parvient à surmonter ses névroses collectives et à accepter les forces et les faiblesses de chacun, elle pourrait bien retrouver la force d’une union véritablement solide, une union capable de dépasser les clivages et de fédérer toutes ses régions dans un avenir commun. Le Yin et le Yang ne sont pas des opposés irréconciliables, mais deux forces en équilibre, dont l’harmonie pourrait mener la Belgique vers une prospérité renouvelée.

Demandez à n’importe quel flamand s’il préfère être attaché à la Wallonie ou aux Pays-Bas… Et ensuite, le même jour, posez la question aux wallons: France ou Flandres ? Vous serez surpris… Nous avons ce “quelque-chose” en commun… mais quoi ? Peut-être sa bonhomie, humour, et surréalisme. Ses artistes. Peut-être seront-ils les catalyseurs de cette Belgique de demain?

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Michel A. de Kemmeter - Kairos -Extrapreneurs CofB
Michel A. de Kemmeter - Kairos -Extrapreneurs CofB

Written by Michel A. de Kemmeter - Kairos -Extrapreneurs CofB

Expert in economic transition, keynote speaker, author, consultant and investor. Professor. Inventor of “Systemic Economy” and "Kairos Multisolutions" crypto.

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